Permaculture et transition : une seule limite, notre imagination
La permaculture est une conception des paysages et des sociétés qui veut répondre aux problèmes de la modernité par des initiatives collectives et durables. « Nous devons donner le pouvoir aux gens d’engager une démarche de transition [vers un futur souhaité] ». Le terme permaculture, introduit en 1910 par l’agronome Cyril Hopkins, est la contraction de l’expression anglaise « permanent agriculture » qui désigne des méthodes agricoles maintenant la fertilité des terres. Après la seconde guerre mondiale, plusieurs initiatives expérimentent des méthodes d’aménagement des cultures basées sur l’écologie des systèmes. L’essor de la permaculture eut lieu dans les années 70, en réponse à la crise pétrolière, au travers de la création de centaines de sites expérimentant des systèmes agricoles stables qui rejettent les méthodes classiques d’agriculture agro-industrielle peu soucieuse de l’environnement. « La permaculture est d’autant plus pertinente dans une période de crise énergétique. » Ses principes de base sont : pas de déchets, une agriculture naturelle inspirée des écosystèmes biologiques, l’optimisation de la consommation en énergie. Un ensemble de concepts que Robyn Francis expérimente et enseigne depuis 25 ans dans le monde et dans son institut en Australie.
La permaculture est un système de design qui envisage les relations entre les choses. Elle examine comment chaque système soutient les systèmes voisins. Il s’agit de concevoir des systèmes intégrés plutôt que des systèmes séparés ou indépendants. La permaculture peut s’appliquer à différentes situations urbaines comme rurales, un fait clairement démontré ce soir par Robyn Francis grâce à deux exemples contemporains. Les animaux tiennent une place essentielle dans les systèmes de permaculture.
Portland : vivre en ville et faire vivre sa ville : La ville de Portland dans l’Oregon est engagée dans de nombreuses initiatives de villes en transition. Les villes en transition désignent des lieux où s’opère une transition de la dépendance au pétrole à l’indépendance locale. Soutenues par les élus depuis le succès d’initiatives précurseurs, des communautés de voisinage de Portland se sont emparées de leur ville pour trouver ensemble des solutions pour un réel « mieux-vivre ». Ils ont créé des lieux de verdure à but écologique. « Il faut utiliser le moindre espace non-bétonné dans la ville, un petit carré d’herbe, une faille dans le trottoir, les toits, les balcons. Ces espaces peuvent se trouver dans les cours d’écoles, les jardins des églises ou les endroits abandonnés. » Les habitants de Portland ont pris possession des espaces entre le trottoir et la rue, des lieux abandonnés puis transformés en endroits de beauté dont l’utilité est pratique. Ce sont des murs végétaux captant les eaux de pluie pour l’irrigation des jardins ou des caniveaux filtrant naturellement les eaux polluées. Les habitants ont aussi développé d’autres solutions très pragmatiques telles que des jardins partagés entre habitations hlm qui offrent aux habitants, dont les ressources financières sont limitées, la possibilité de produire de la nourriture et d’améliorer leur quotidien. Ces initiatives rendent ainsi possible la production alimentaire dans les villes ce qui représente un des piliers majeurs du mouvement des villes en transition.
« la permaculture est une réflexion communautaire sur la manière de résoudre les problèmes locaux avec des moyens réduits. C’est le moyen de créer un esprit communautaire dans la ville. C’est aussi un outil de prise de décision participatif. » A Portland, un carrefour qui était réputé pour être le lieu d’un grand nombre d’accidents a été orné d’un « magnifique mandala [image de méditation] si beau que chacun ralentirait pour l’admirer ». La mairie avait accepté ce projet sur la seule base de son faible coût comparé à la création de ralentisseurs. « Et ça a marché ! »
A Portland, les initiatives de ce genre se rencontrent à tous les coins de rue. Ils apparaissent sous la forme d’une armoire pour le partage de livres, de cabanes pour l’échange de jouets pour enfants ou de jolies structures incitant les habitants du quartier à s’asseoir et engager la conversation. « Ces actions instillent un sentiment de fierté locale qui favorise le sens communautaire que l’on trouve rarement en ville. »
La transition passe par l’éducation. « La meilleure forme d’éducation, c’est de faire soi-même ce que l’on préconise. » Un précepte qu’elle met en application dans son village à Nimbin, sur la côte est de l’Australie.
Nimbin : la force de la coopération et de la motivation Située entre Brisbane et Sydney, la vallée de Nimbin varie d’un paysage de montagne à la mer. On y trouve des forêts pluviales et de nombreux micro-climats secs ou au contraire fréquemment sujets au gel. Depuis 1993, Robyn y a développé un centre de formation en permaculture et une ferme d’expérimentation appelée Djanbung garden, un terme aborigène signifiant ornithorynque.
Les cinq hectares de terres incultes, ont été métamorphosés en un havre de verdure et de productions alimentaires variées. « Nous expérimentons les design de la permaculture. » Ceci nécessite d’examiner avec conscience les relations entre les différents éléments composant les systèmes. « Les choses ne doivent pas avoir une seule utilité. Le trop-plein d’eau de pluie qui déborde de ma citerne passe dans différents bassins dans lesquels poussent des plantes qui ont besoin de beaucoup d’eau. Elle s’écoule ensuite et alimente mon potager. La collecte des eaux de pluie est notre seule ressource en eau. » Les fleurs près des cultures sont essentielles pour préserver les pollinisateurs. Le mélange de plusieurs cultures sur un même terrain peut être très bénéfique pour les différentes espèces. « Dans ces systèmes, les animaux ont une fonction importante. Les canards désherbent les pieds des arbres fruitiers, ils nous débarrassent des insectes et des limaces, produisent de l’engrais et ils sont heureux. Les cochons sont de parfaits travailleurs quand il s’agit de retourner un terrain en friche. »
La vallée de Nimbin est aussi le centre de plusieurs mouvements communautaires alternatifs. Ces communautés sont en lien étroit avec les groupes locaux : communautés ethniques, agriculteurs… Ils prônent une conscience favorisant l’alimentation locale, les marchés de producteurs et les coopératives. « Nous avons fait des achats groupés de panneaux photovoltaïques. Nous avons même monté une société. Par temps de soleil, la communauté de Nimbin (3000 maisons rurales, des commerces,..) produit 75% de sa consommation en électricité. « Il est important de se regrouper en communauté pour de telles actions. Nous pouvons ainsi acheter des matériaux de meilleure qualité. Nous avons un moulin à farine local, des déshydratateurs de nourriture et un groupe de sécurité alimentaire. » Un des socles de notre pensée est la résilience, c’est-à-dire la capacité de nos sociétés à assumer et dépasser les crises. « Lors de la grande inondation de la région de Brisbane l’an dernier, les supermarchés qui ne possèdent de stock que pour 3 jours ne pouvaient être ravitaillés. Seul Food Connect, un réseau d’agriculteurs locaux, était en mesure d’approvisionner la ville en produits frais. Des paniers paysans étaient transportés en barque ou sur des planches de surf. Les grandes surfaces n’ont pas l’innovation ou la flexibilité nécessaire pour faire face à ce genre de situation. »
L’esprit de la permaculture regroupe de nombreuses formes. Mais tous ces exemples ont en commun d’être issus d’un esprit de coopération au sein de communautés enthousiastes qui souhaitent résoudre leurs problèmes. « Toute communauté peut ainsi développer un réseau indépendant du système global. » Cela permet l’innovation et la réappropriation de l’environnement par les personnes qui y vivent. En conclusion, la seule limite à ces initiatives sont les limites de notre imagination !
La permaculture est une conception des paysages et des sociétés qui veut répondre aux problèmes de la modernité par des initiatives collectives et durables. « Nous devons donner le pouvoir aux gens d’engager une démarche de transition [vers un futur souhaité] ». Le terme permaculture, introduit en 1910 par l’agronome Cyril Hopkins, est la contraction de l’expression anglaise « permanent agriculture » qui désigne des méthodes agricoles maintenant la fertilité des terres. Après la seconde guerre mondiale, plusieurs initiatives expérimentent des méthodes d’aménagement des cultures basées sur l’écologie des systèmes. L’essor de la permaculture eut lieu dans les années 70, en réponse à la crise pétrolière, au travers de la création de centaines de sites expérimentant des systèmes agricoles stables qui rejettent les méthodes classiques d’agriculture agro-industrielle peu soucieuse de l’environnement. « La permaculture est d’autant plus pertinente dans une période de crise énergétique. » Ses principes de base sont : pas de déchets, une agriculture naturelle inspirée des écosystèmes biologiques, l’optimisation de la consommation en énergie. Un ensemble de concepts que Robyn Francis expérimente et enseigne depuis 25 ans dans le monde et dans son institut en Australie.
La permaculture est un système de design qui envisage les relations entre les choses. Elle examine comment chaque système soutient les systèmes voisins. Il s’agit de concevoir des systèmes intégrés plutôt que des systèmes séparés ou indépendants. La permaculture peut s’appliquer à différentes situations urbaines comme rurales, un fait clairement démontré ce soir par Robyn Francis grâce à deux exemples contemporains. Les animaux tiennent une place essentielle dans les systèmes de permaculture.
Portland : vivre en ville et faire vivre sa ville : La ville de Portland dans l’Oregon est engagée dans de nombreuses initiatives de villes en transition. Les villes en transition désignent des lieux où s’opère une transition de la dépendance au pétrole à l’indépendance locale. Soutenues par les élus depuis le succès d’initiatives précurseurs, des communautés de voisinage de Portland se sont emparées de leur ville pour trouver ensemble des solutions pour un réel « mieux-vivre ». Ils ont créé des lieux de verdure à but écologique. « Il faut utiliser le moindre espace non-bétonné dans la ville, un petit carré d’herbe, une faille dans le trottoir, les toits, les balcons. Ces espaces peuvent se trouver dans les cours d’écoles, les jardins des églises ou les endroits abandonnés. » Les habitants de Portland ont pris possession des espaces entre le trottoir et la rue, des lieux abandonnés puis transformés en endroits de beauté dont l’utilité est pratique. Ce sont des murs végétaux captant les eaux de pluie pour l’irrigation des jardins ou des caniveaux filtrant naturellement les eaux polluées. Les habitants ont aussi développé d’autres solutions très pragmatiques telles que des jardins partagés entre habitations hlm qui offrent aux habitants, dont les ressources financières sont limitées, la possibilité de produire de la nourriture et d’améliorer leur quotidien. Ces initiatives rendent ainsi possible la production alimentaire dans les villes ce qui représente un des piliers majeurs du mouvement des villes en transition.
« la permaculture est une réflexion communautaire sur la manière de résoudre les problèmes locaux avec des moyens réduits. C’est le moyen de créer un esprit communautaire dans la ville. C’est aussi un outil de prise de décision participatif. » A Portland, un carrefour qui était réputé pour être le lieu d’un grand nombre d’accidents a été orné d’un « magnifique mandala [image de méditation] si beau que chacun ralentirait pour l’admirer ». La mairie avait accepté ce projet sur la seule base de son faible coût comparé à la création de ralentisseurs. « Et ça a marché ! »
A Portland, les initiatives de ce genre se rencontrent à tous les coins de rue. Ils apparaissent sous la forme d’une armoire pour le partage de livres, de cabanes pour l’échange de jouets pour enfants ou de jolies structures incitant les habitants du quartier à s’asseoir et engager la conversation. « Ces actions instillent un sentiment de fierté locale qui favorise le sens communautaire que l’on trouve rarement en ville. »
La transition passe par l’éducation. « La meilleure forme d’éducation, c’est de faire soi-même ce que l’on préconise. » Un précepte qu’elle met en application dans son village à Nimbin, sur la côte est de l’Australie.
Nimbin : la force de la coopération et de la motivation Située entre Brisbane et Sydney, la vallée de Nimbin varie d’un paysage de montagne à la mer. On y trouve des forêts pluviales et de nombreux micro-climats secs ou au contraire fréquemment sujets au gel. Depuis 1993, Robyn y a développé un centre de formation en permaculture et une ferme d’expérimentation appelée Djanbung garden, un terme aborigène signifiant ornithorynque.
Les cinq hectares de terres incultes, ont été métamorphosés en un havre de verdure et de productions alimentaires variées. « Nous expérimentons les design de la permaculture. » Ceci nécessite d’examiner avec conscience les relations entre les différents éléments composant les systèmes. « Les choses ne doivent pas avoir une seule utilité. Le trop-plein d’eau de pluie qui déborde de ma citerne passe dans différents bassins dans lesquels poussent des plantes qui ont besoin de beaucoup d’eau. Elle s’écoule ensuite et alimente mon potager. La collecte des eaux de pluie est notre seule ressource en eau. » Les fleurs près des cultures sont essentielles pour préserver les pollinisateurs. Le mélange de plusieurs cultures sur un même terrain peut être très bénéfique pour les différentes espèces. « Dans ces systèmes, les animaux ont une fonction importante. Les canards désherbent les pieds des arbres fruitiers, ils nous débarrassent des insectes et des limaces, produisent de l’engrais et ils sont heureux. Les cochons sont de parfaits travailleurs quand il s’agit de retourner un terrain en friche. »
La vallée de Nimbin est aussi le centre de plusieurs mouvements communautaires alternatifs. Ces communautés sont en lien étroit avec les groupes locaux : communautés ethniques, agriculteurs… Ils prônent une conscience favorisant l’alimentation locale, les marchés de producteurs et les coopératives. « Nous avons fait des achats groupés de panneaux photovoltaïques. Nous avons même monté une société. Par temps de soleil, la communauté de Nimbin (3000 maisons rurales, des commerces,..) produit 75% de sa consommation en électricité. « Il est important de se regrouper en communauté pour de telles actions. Nous pouvons ainsi acheter des matériaux de meilleure qualité. Nous avons un moulin à farine local, des déshydratateurs de nourriture et un groupe de sécurité alimentaire. » Un des socles de notre pensée est la résilience, c’est-à-dire la capacité de nos sociétés à assumer et dépasser les crises. « Lors de la grande inondation de la région de Brisbane l’an dernier, les supermarchés qui ne possèdent de stock que pour 3 jours ne pouvaient être ravitaillés. Seul Food Connect, un réseau d’agriculteurs locaux, était en mesure d’approvisionner la ville en produits frais. Des paniers paysans étaient transportés en barque ou sur des planches de surf. Les grandes surfaces n’ont pas l’innovation ou la flexibilité nécessaire pour faire face à ce genre de situation. »
L’esprit de la permaculture regroupe de nombreuses formes. Mais tous ces exemples ont en commun d’être issus d’un esprit de coopération au sein de communautés enthousiastes qui souhaitent résoudre leurs problèmes. « Toute communauté peut ainsi développer un réseau indépendant du système global. » Cela permet l’innovation et la réappropriation de l’environnement par les personnes qui y vivent. En conclusion, la seule limite à ces initiatives sont les limites de notre imagination !